Le mode de propagation de la dermatose nodulaire contagieuse, qui tire son nom des lésions caractéristiques qui se forment sur la peau des bovins infectés, reste en partie mystérieux. Lors de précédentes épidémies en Afrique et au Moyen?Orient, différentes espèces de mouches ont été pointées du doigt ; cela étant, les déplacements des animaux infectés et la circulation des produits provenant d’animaux contaminés, comme le sperme ou le lait, sont aussi soup?onnés d’être à l’origine de la transmission de la maladie.
? Nous devons en réexaminer soigneusement les vecteurs. Nous comprenons dans une certaine mesure comment elle s’est propagée en Afrique. Nous avons une vague idée de leur nature en Europe, mais nous sommes dans l’ignorance la plus totale pour ce qui concerne l’Asie ?, indique Giovanni Cattoli, Chef du Laboratoire de la production et de la santé animales du Centre mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture. L’équipe du laboratoire, qui travaille en contact direct avec des laboratoires, des chercheurs et les autorités vétérinaires du Bangladesh, du Bhoutan, du Cambodge, de l’Indonésie, de la Mongolie, du Myanmar, du Népal, de Sri Lanka, de la Tha?lande et du Viet Nam, s’efforce de les aider à comprendre les origines et la propagation du virus responsable de la dermatose nodulaire contagieuse, en faisant appel à une technique dérivée du nucléaire, à savoir la réaction en cha?ne par polymérase - celle-là même que l’on utilise partout dans le monde pour le dépistage et l’analyse de la COVID-19 (voir l’infographie en page 8).
à en juger par la liste des pays les plus touchés, le virus pourrait avoir voyagé de l’Afrique du Nord jusqu’au Moyen-Orient et en Europe, où il a atteint la Fédération de Russie. Il a ensuite fait soudainement surface en Chine et en Asie du Sud. Il a, d’une manière générale, résisté à de nombreux climats, sans que l’on sache trop comment il a réussi à toucher autant de régions en si peu de temps.
? Le virus se propage très rapidement - beaucoup plus rapidement que prévu. Il est apparu en Chine pour la première fois en 2019, et à peine un an plus tard, nous avons déjà plusieurs souches du virus en Asie ?, explique Giovanni Cattoli.
Les restrictions de voyage imposées à l’échelle mondiale dans le cadre de la lutte contre la pandémie ont néanmoins obligé l’AIEA à adapter son soutien face à l’épidémie. Quand la dermatose nodulaire contagieuse est apparue en Bulgarie en 2016, les experts ont pu se rendre sur les lieux pour procéder à des investigations. Cette fois, Giovanni Cattoli et son équipe travaillent en ligne avec leurs homologues dans les pays asiatiques touchés par l’épidémie afin, d’une part, de leur offrir une aide d’urgence sous forme d’équipements, de réactifs et de consommables, et, d’autre part, d’enquêter sur l’épidémie et d’analyser les échantillons soumis aux laboratoires de la FAO/AIEA en Autriche. Le Réseau de laboratoires diagnostiques vétérinaires (VETLAB) permet aux laboratoires situés en Asie d’échanger des données et des résultats quasiment en temps réel, de sorte que l’équipe du laboratoire FAO/AIEA peut immédiatement formuler des commentaires et suggestions sur les mesures que les pays concernés pourraient prendre pour améliorer leurs procédures.