La fusion par laser est une méthode d’amor?age de la réaction de fusion qui pourrait être utilisée à la place du confinement magnétique. Elle repose sur la technique du confinement inertiel : de minuscules capsules sphériques contenant des pastilles de combustible composé d’isotopes d’hydrogène, comme le deutérium et le tritium, sont chauffées et comprimées par des lasers de haute puissance.
La chaleur intense à la surface de la capsule provoque une micro-implosion du combustible, qui entra?ne à son tour l’ablation et l’explosion de la couche superficielle de la pastille. L’inertie créée par ce processus maintient le combustible confiné suffisamment longtemps pour permettre des réactions de fusion.
Les premières expériences dans le domaine de la fusion par laser remontent aux années 1970. Aujourd’hui, avec 192 faisceaux laser, l’Installation nationale d’ignition (NIF) du Laboratoire national Lawrence de Livermore (états-Unis d’Amérique) est de loin la plus grande installation laser au monde. Les lasers y chauffent les parois intérieures d’un cylindre doré (hohlraum) contenant la capsule dans laquelle se trouve la pastille de combustible deutérium-tritium. L’interaction laser-hohlraum génère des rayons X qui, en chauffant et en comprimant la capsule, créent un point chaud au centre de la pastille. C’est là que se produisent les réactions de fusion.
Pour atteindre l’ignition, c.-à-d. le point à partir duquel la réaction de fusion s’auto-entretient complètement, les capsules doivent libérer environ 30 fois plus d’énergie qu’elles n’en absorbent.
? Nous avons nettement progressé à la NIF ces cinq dernières années et pouvons maintenant produire deux fois et demie à trois fois plus d’énergie que nous n’en injectons dans le point chaud du combustible ?, explique Brian Spears, responsable adjoint de la modélisation de la fusion par confinement inertiel à la NIF. ? Un facteur d’amplification de 30 reste un objectif majeur mais ce n’est pas un processus linéaire et nous avons déjà franchi de nombreuses étapes importantes sur le plan technique. ?
Pour que la fusion soit commercialement viable, la pression au centre du point chaud du combustible doit être plusieurs milliards de fois supérieure à la pression atmosphérique. La NIF a fait d’énormes progrès à cet égard en rempla?ant les capsules en plastique par du carbone microcristallin de haute densité, en améliorant les dispositifs techniques qui soutiennent les capsules et en perfectionnant les structures utilisées pour introduire le combustible de fusion dans la capsule. Les experts ont ainsi pu augmenter considérablement le rendement du transfert d’énergie du laser à la capsule, ce qui a accru la production d’énergie.
? Des défis scientifiques majeurs restent à relever mais les récentes avancées à la NIF et dans d’autres installations prouvent que nous sommes de plus en plus près d’atteindre le point d’ignition par fusion laser ?, déclare Brian Spears.
En 2020, l’AIEA a lancé un projet de recherche coordonnée (PRC) intitulé ? Filières d’énergie de fusion inertielle : recherche sur les matériaux et développement de la technologie ?, auquel participent 24 établissements de 17 pays. Quatrième volet d’une série de PRC dans ce domaine, ce projet est consacré au développement de modèles de capsules à rendement élevé qui permettraient d’obtenir une réaction de fusion auto-entretenue.