Renforcement des capacités analytiques
Comme dans tant d’autres domaines scientifiques, il faut acquérir des capacités pour pouvoir utiliser les outils d’hydrologie isotopique à des fins d’analyse.
Lorsqu’Hamid Marah a commencé à travailler dans la gestion des ressources en eau au Maroc, dans les années 90, il devait envoyer les échantillons d’eau hors d’Afrique pour les analyses. Aucun laboratoire du continent n’était en mesure d’analyser la teneur en isotopes stables, explique M. Marah, directeur scientifique du Centre national marocain de l’énergie, des sciences et des techniques nucléaires (CNESTEN). ? Grace à l’AIEA, les capacités se sont renforcées au fil des ans, et nous disposons aujourd’hui en Afrique de plusieurs laboratoires capables de faire des analyses isotopiques fiables. ?
Le programme de coopération technique et les projets de recherche coordonnée de l’AIEA permettent de diffuser les outils d’hydrologie isotopique sur le continent, pour que les scientifiques puissent exploiter durablement les ressources en eaux souterraines. Ces dix dernières années, près de la moitié des projets d’adaptation au changement climatique de l’AIEA, y compris les projets de gestion des ressources en eau, ont eu lieu en Afrique. Des pays tels que le Maroc et la Tunisie jouent un r?le de premier plan dans l’utilisation des techniques isotopiques sur le continent et au Moyen-Orient.
En 2009, le LARAE et le CNESTEN ont rejoint la liste des centres régionaux désignés, et en 2015, le CNESTEN est devenu un centre collaborateur de l’AIEA, spécialisé dans l’analyse et la gestion des ressources en eau. L’AFRA, ou Accord régional de coopération pour l’Afrique sur la recherche, le développement et la formation dans le domaine de la science et de la technologie nucléaires, est un accord intergouvernemental entre les pays d’Afrique qui vise à renforcer et à élargir la contribution de la science et de la technologie nucléaires au développement socioéconomique du continent. Le LARAE et le CNESTEN forment régulièrement des scientifiques de toute l’Afrique et du Moyen-Orient et ont procédé à des centaines d’analyses isotopiques pour des études hydrologiques nationales et des projets appuyés par l’AIEA visant à résoudre les problèmes de disponibilité et de qualité de l’eau liés aux aquifères et aux bassins.
Dans le cadre d’une étude menée en 2020, le LARAE a analysé des échantillons d’eaux souterraines provenant d’un aquifère au centre-ouest de la Tunisie pour des mesures chimiques et isotopiques. Au cours des dernières décennies, l’essor et le développement de l’agriculture irriguée se sont traduits par un appauvrissement des ressources en eaux de surface. L’étude, appuyée par l’AIEA dans le cadre d’un projet de recherche coordonnée, a permis de vérifier si les eaux souterraines se prêtaient à la consommation et à l’irrigation, et de recenser les facteurs influen?ant la salinité. Ses résultats ont été publiés dans la revue Agriculture, Ecosystems & Environment en juin 2021.
Le Colloque international de l’AIEA sur l’hydrologie isotopique, qui se tiendra à Vienne du 3 au 7 juillet 2023, sera l’occasion d’en apprendre davantage sur les ressources en eaux souterraines et leur r?le dans l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets.