La muographie a été employée à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi pour localiser les débris de combustible dans les c?urs des réacteurs et évaluer leur état. En 2015, au Japon, des experts ont élaboré une technique modifiée afin de repérer des débris pouvant mesurer jusqu’à 30 centimètres au minimum. Cette technique a servi à déterminer l’état du combustible endommagé dans le réacteur de la tranche 1 de Fukushima Daiichi, préalable essentiel aux opérations de déclassement.
Cet exemple n’en est qu’un parmi tant d’autres où l’innovation technologique a permis de résoudre des problèmes inédits et imprévus de déclassement et de relèvement après un accident.
? Les conséquences d’un accident sont toujours imprévisibles et l’infrastructure organisationnelle et technique existante et les technologies disponibles peuvent ne pas être adaptées ou suffisantes pour répondre aux besoins après l’accident. Souvent, lors du déclassement d’installations nucléaires endommagées, les approches technologiques et le matériel nécessaire sont mis au point au cas par cas ?, explique Vladimir Michal, expert en déclassement à l’AIEA, qui a codirigé un projet visant à documenter et à analyser le déclassement et la remise en état d’installations nucléaires endommagées, le Projet international sur la gestion du déclassement et de la remédiation des installations nucléaires endommagées (DAROD). ? Dans de nombreux cas, comme dans celui de la muographie, ces technologies ont trouvé une application plus large dans le cadre du déclassement, voire dans d’autres domaines. ?
Un autre exemple notable est la construction d’une nouvelle enveloppe de confinement s?r au-dessus du batiment du réacteur de la tranche 4 de la centrale nucléaire de Tchornobyl, en Ukraine, entre 2016 et 2019. Destiné à remplacer l’abri temporaire construit après la catastrophe de 1986, il s’agit de la plus grande structure terrestre mobile au monde. Il est con?u pour durer cent ans et pour résister à de violentes intempéries. Cette nouvelle structure de confinement a été batie à environ 180 mètres à l’ouest de la tranche 4 endommagée. Sa construction et son positionnement ont nécessité de recourir à des techniques de génie civil très avancées.
? La nouvelle enveloppe de confinement s?r n’empêche pas seulement le rejet de matières radioactives, mais facilite aussi le déclassement futur ?, a déclaré Valeriy Seyda, directeur général par intérim de l’entreprise spécialisée d’état de la centrale nucléaire de Tchornobyl. La structure de confinement s?r est con?ue pour empêcher le rejet de contaminants radioactifs, protéger les structures internes du réacteur et faciliter le déclassement. Aux fins du déclassement, elle comprend deux grues télécommandées de pointe. Celles-ci sont installées juste sous le toit et sont con?ues de sorte à permettre le déclassement ultime de la tranche 4 tout en protégeant les travailleurs et l’environnement.
à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, la technique d’ingénierie bien établie consistant à construire un mur souterrain en sol gelé a été utilisée pour empêcher les eaux souterraines de s’écouler sur le site et de se mélanger à l’eau déjà contaminée à l’intérieur des batiments du réacteur. Le mur de 1 500 mètres a été construit en gelant le sol de manière à le rendre imperméable aux eaux souterraines, réduisant ainsi la quantité totale d’eau contaminée à traiter.
Les technologies robotiques télécommandées avancées permettent maintenant de mener des travaux de déclassement dans des zones à intensité de rayonnement élevée. Ainsi, à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, des robots sont utilisés pour la surveillance et les mesures, la conduite d’études, la décontamination et les préparatifs de l’enlèvement des débris de combustible.
? Les robots télécommandés qui transportent des outils de mesure et de visualisation des rayonnements sont une priorité des travaux de recherche-développement visant à réduire le plus possible la radioexposition des travailleurs sur le site et à faire constamment progresser le déclassement de la centrale de Fukushima Daiichi ? a déclaré Kentaro Funaki, directeur exécutif de l’Agence japonaise de l’énergie atomique. M. Funaki a souligné que les projets internationaux menés conjointement constituaient l’un des éléments clés du large éventail de projets de recherche-développement financés par le Gouvernement. ? Des efforts considérables sont actuellement déployés pour visualiser en trois dimensions les points chauds radioactifs près des tranches 1 et 2 de la centrale de Fukushima Daiichi. La fusion des résultats des recherches menées conjointement aux niveaux national et international s’est révélée très fructueuse et ces activités se poursuivront à l’avenir ? a-t-il ajouté.
L’utilisation de technologies non nucléaires dans des environnements nucléaires pose de nombreux problèmes, parmi lesquels le poids des co?ts de développement, du fait notamment de la présence de rayonnements et de l’incertitude quant aux conditions précises dans lesquelles le matériel sera utilisé. Toutefois, les progrès accomplis pour ce qui est du cablage et d’autres composants essentiels ainsi que la mise au point d’équipements résistant aux rayonnements permettent d’utiliser les technologies robotiques de manière s?re et efficace dans ces environnements hostiles. De plus, les technologies laser permettent de scanner l’intérieur de ces environnements, souvent inaccessibles à l’homme, tout en protégeant la santé et la s?reté des travailleurs. ? Ces progrès accroissent considérablement les possibilités de démantèlement s?r et efficace, même dans des situations très difficiles faisant suite à un grave accident nucléaire dans une installation ?, a déclaré M. Michal.