Une nouvelle étude menée par une équipe de chercheurs espagnols et parue dans Heliyon, revue consacrée aux sciences, à la médecine et à l’ingénierie, avait pour but de fournir aux organismes de surveillance et de réglementation des informations sur les meilleures pratiques relatives au contr?le de l’eau à proximité des centrales nucléaires, en mettant l’accent sur les radionucléides présents dans les eaux souterraines destinées à des usages autres que la consommation humaine, par exemple à l’irrigation.
Les chercheurs souhaitaient recenser les radionucléides couramment rejetés par les centrales nucléaires et recommander des méthodes d’essais pratiques pouvant être utilisées par les laboratoires pour détecter ces radionucléides. En raison du volume nécessaire de données sur les rejets dans l’environnement, les chercheurs se sont appuyés sur la Base de données sur les rejets de radionucléides dans l’atmosphère et l’environnement aquatique (DIRATA) de l’AIEA, qui comprend des données provenant de centrales nucléaires de toutes les régions du monde.
? Nous avons choisi DIRATA, car ses données sont à jour et fiables ?, explique la chercheuse principale de l’étude, Susana Petisco-Ferrero, professeure adjointe en ingénierie énergétique à l’Université du Pays basque. ? En outre, cette base contient des données provenant du monde entier, ce qui nous a permis de réaliser une étude plus représentative, qui intègre des données provenant d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud ainsi que de l’Union européenne. ?
Une fois par an, 25 pays (soit 73 % des pays équipés de centrales nucléaires) communiquent volontairement leurs données relatives aux rejets, lesquelles sont accessibles sur le portail DIRATA. Celui-ci met à disposition des pays participants une plateforme leur permettant de rendre compte de manière transparente des très faibles quantités de radionucléides rejetées pendant le fonctionnement normal des installations et activités nucléaires. La base de données contient en outre des relevés historiques des rejets qui ont été collectés par le Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR), la Commission européenne et d’autres organismes nationaux et internationaux. Les données de DIRATA peuvent être exploitées par les organismes de réglementation, les exploitants nucléaires et les chercheurs pour suivre les tendances et améliorer les programmes de surveillance.
Grace à la base de données DIRATA, les chercheurs espagnols ont pu dresser une liste exhaustive des radionucléides couramment rejetés par les centrales nucléaires, tels que l’hydrogène 3 et le calcium 41. Ils ont proposé des méthodes de surveillance de la présence de ces radionucléides dans l’eau accessibles et utilisables par des laboratoires standard, sans que du matériel spécialisé soit nécessaire. Parmi les suggestions des chercheurs figuraient la modification de la taille des échantillons d’eau et la sélection de techniques de spectrométrie permettant de mesurer la quantité de chaque radionucléide dans les échantillons. Les chercheurs ont également formulé des recommandations visant à améliorer les directives relatives à la surveillance des eaux souterraines autour des centrales nucléaires.
? Le travail des chercheurs espagnols illustre parfaitement la manière dont DIRATA facilite la recherche scientifique et peut contribuer à fa?onner les politiques visant à protéger les populations et l’environnement des effets nocifs des rayonnements ionisants ?, souligne Anna Clark, cheffe de la Section de la s?reté des déchets et de l’environnement de l’AIEA. ? Cet outil précieux permet aux chercheurs du monde entier de contribuer à la construction d’un avenir plus s?r. ?