L’AIEA est à la pointe du développement de la technologie des rayonnements, qui permet de durablement sauvegarder le patrimoine culturel. Cela consiste notamment à caractériser des objets d’importance historique et à contribuer à leur préservation. Pour ce faire, il est largement fait appel à des techniques nucléaires d’analyse, comme l’imagerie 2D et 3D par faisceaux d’ions, rayons?X ou sources de neutrons, la datation fondée sur les radio-isotopes ou encore l’irradiation pour la consolidation d’objets culturels.
Des centres collaborateurs de l’AIEA spécialisés dans le patrimoine culturel contribuent à ces activités, à savoir l’Université Paris-Saclay et ARC-Nucléart (France), ainsi que le Centre national pour la recherche et la technologie des rayonnements de l’Autorité égyptienne de l’énergie atomique.
??Le traitement par irradiation met à disposition des outils très précieux pour lutter contre la biodégradation des objets de notre patrimoine culturel faits en bois ou à partir d’autres matériaux organiques??, a déclaré Laurent Cortella, responsable de la gestion des installations et ingénieur-chercheur à l’ARC-Nucléart à Grenoble (France). ??Il est efficace, fiable et peut être appliqué à toutes sortes de collections du patrimoine culturel.??
Ainsi, au cours d’une opération de désinfection, les rayonnements pénètrent profondément dans les matériaux, ce qui présente de nets avantages par rapport aux méthodes traditionnelles comme la fumigation, la chaleur, les traitements liquides, l’anoxie et le nettoyage à sec.
La consolidation de matériaux poreux à l’aide d’une résine polyester radioréticulable permet de restaurer des objets en bois gravement endommagés, qui peuvent se fragiliser ou s’ab?mer après avoir été infestés par des insectes, des champignons ou des algues.
???Lorsqu’ils sont extrêmement dégradés ou fragilisés, a expliqué M. Cortella,?les objets culturels peuvent être sauvés en étant consolidés à l’aide de résines radioréticulables, ce qui est loin d’être le cas avec des techniques traditionnelles.??
Une sculpture en bois de sainte Barbe (fin du XVe siècle-milieu du XVIe siècle) provenant de Moutier-Malcard (France) était très ab?mée et sa structure fragilisée. Pour la préserver, l’équipe d’ARC-Nucléart l’a irradiée aux rayons gamma afin de la désinfester avant de procéder à des traitements de conservation et de restauration.
En 2011, les experts ont appliqué l’irradiation à un navire romain en bois datant du premier siècle, découvert dans le Rh?ne à Arles (France). Retiré de l’eau, le navire séchait et il commen?ait à s’effriter. Pour restaurer cette relique, les spécialistes d’ARC-Nucléart ont eu recours à la technique de la consolidation?: ils ont imprégné le bois du navire d’une résine radio-réticulable et l’ont exposé à des rayonnements ionisants pour durcir le bois et stopper sa désagrégation.